C’est Sarah Tétaud, la correspondante de RFI à Madagascar, qui a rendu public ce brûlot qui détonne par les mots qui y sont employés et qui sont très loin de l’asepsie diplomatique qui sied en règle générale en pareille circonstance. La Banque mondiale et l’IFC considèrent « qu’avec sa vaste biodiversité unique, ses forêts denses, ses terres agricoles fertiles, ses atouts touristiques incomparables […], et une population jeune. Madagascar dispose d’un excellent potentiel de croissance. Et pourtant, l’ile se hisse au rang des pays les plus pauvres du monde.
Entre 1960, date de l’indépendance, et 2020, le revenu par habitant a diminué de 45 % ». Pour un pays qui n’a jamais connu de conflit violent cela constitue une aberration. » Alors, qu’est ce qui empêche le pays de réaliser son potentiel ?… La persistance de la pauvreté précisément, due au manque de transparence au cœur du pouvoir, et la capture de l’État par des élites. Le secteur privé, petit et peu compétitif, caractérisé par de faibles niveaux d’investissement, est incapable de créer des emplois, de stimuler la croissance économique, et donc de réduire la pauvreté. L’investissement a représenté en moyenne 19,4% du PIB au cours de la période 2013-2019, ce qui est bien inférieur à son niveau pour les pays pairs. En outre, la transformation économique structurelle de Madagascar a été limitée : plus de 90% de la population en âge de travailler reste engagée dans l’agriculture de subsistance et les services informels. La pauvreté élevée est également le résultat d’une mauvaise gouvernance, qui n’a pas été résolue depuis plusieurs décennies. La faiblesse des institutions et le contrôle des élites érodent l’État de droit et empêchent de lutter avec efficacité contre la corruption. Par ailleurs, les cyclones tropicaux, qui affectent trois à quatre fois le pays par an, constitue de leur côté une réelle entrave au développement. Enfin, avec un indice de capital humain de l’île de 0,39 (l’un des plus faibles au monde), faute d’éducation et de bonne santé, les enfants malgaches ne deviendront pas des adultes productifs.
Pour briser ce cycle de pauvreté sur l’île, il faut augmenter la croissance. A savoir créer un cadre intentionnel solide pour favoriser un secteur privé dynamique et compétitif, enclencher les réformes, renforcer la transparence ». Comme indiqué plus haut, ce discours s’applique parfaitement au cas du Gabon. C’est la captation de l’État par une élite corrompue qui est la principale cause du manque du développent du pays. Cela commence par la tête de l’exécutif, qui a créé une pieuvre, le hoding Delta Synergie qui, sans effort collecte des pots de vin au bénéfice de la famille Bongo Ondimba. Ali Bongo Ondimba, le chef de l’État, détient 19,7 % de parts à titre personnel de cette société. Cela rend impossible la lutte contre la corruption. Qui va oser contrôler cette entreprise pour l’origine des capitaux qu’elle déclare avoir investis dans les banques du Gabon, la compagnie Ogar, qu’elle possède à près de 60 %, les sociétés de BTP, etc. L’existence Delta Synergie sur le marché gabonais est de nature à empêcher les investissements sérieux à venir au Gabon. Or, ce sont les seuls qui peuvent contribuer à réduire la pauvreté et permettre à ce qu’un pan important de nombreux jeunes qui est sans emploi actuellement retrouve le chemin du travail.
La Banque mondiale évalue le chômage des jeunes au Gabon à 36 % de cette catégorie en âge de travailler. Il faut espérer que le nouveau discours de la Banque mondiale sera partagé par l’autre grande institution de Brettons Wood qu’est le Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier semble fermer les yeux depuis plusieurs années sur la mal gouvernance qui sévit au Gabon. Lorsque dans ces institutions, certains, malgré tout soulèvent avec preuves des cas de détournements avérés des fonds publics, même sur des fonds mis à la disposition du Gabon par le FMI, comme l’avait révélé la commission d’enquête parlementaire sur la gestion des 88 millions de dollars en guise d’appui budgétaire, cette institution est restée aphone. Elle n’a pas eu le même courage dont la Banque mondiale vient de faire montre vis-vis de Madagascar, pays qui attend un financement de 200 millions de dollars de la Banque mondiale et surtout qui est en année électorale. Vivement que cette nouvelle posture fasse date pour mettre de morale dans l’action de ces bailleurs de fonds multilatéraux.